Bizarre est le destin de ce film, John Carter, adaptation du Roman de Edgar Rice Burroughs intitulé John Carter Of Mars et datant du début du siècle dernier, et qui aurait pu paraître des années auparavant. Chef d’œuvre en puissance prédestiné, il a inspiré les plus adulé aujourd’hui à l’image de Lucas et son Star Wars, qui est allé piocher quelques bonnes idées (qui ne l’a pas fait… !) dans la trilogie du Cycle De Mars… Toujours est-il que ce film arrive enfin parmi nous… Un peu trop tard ?
Le cinéaste oscarisé Andrew Stanton signe avec JOHN CARTER un grand film d’aventures qui se déroule sur la planète Barsoom (Mars), peuplée de tribus guerrières et d’extraordinaires créatures. Tiré du premier livre du « Cycle de Mars » d’Edgar Rice Burroughs, le film raconte le fascinant voyage de John Carter, qui se retrouve inexplicablement transporté sur Barsoom, au cœur d’une guerre mystérieuse entre les habitants de la planète. Parmi tous les êtres étranges qui peuplent cet univers, il fera la connaissance de Tars Tarkas et de la captivante princesse Dejah Thoris. Dans ce monde sur le point de disparaître, Carter va découvrir que la survie de Barsoom et de son peuple est entre ses mains…
Pas forcément trop tard. Ma première question a plutôt été de savoir si le film héritait bien de la bonne maison de production. Entendons-nous, j’ai un profond respect pour Walt Disney Studios, qui a travers les âges arrive encore à nous sortir des films de grande qualité, mais adapter un roman d’une telle envergure, avec un nid d’information pareil et une profondeur d’une telle rareté qu’il n’a pas à rougir devant l’univers de Tolkien, je n’étais pas certain que le film soit en marche pour devenir un film culte parmi les films cultes. Et pourtant, on retrouve un grand monsieur derrière la caméra : Andrew Stanton. Ancienne grande figure de Pixar depuis « muté » dans d’autres coulisses de Disney (Qui a racheté Pixar en 2006), il possède un palmarès impressionnant : Wall-E, Le Monde De Nemo, 1001 pattes… Ce changement d’horizon pourrait donc peut-être apporter à John Carter l’adaption cinématographique qu’il mérite.
Le plus difficile dans ce genre de licences adaptées au grand écran, c’est de réussir à contourner le déjà vu, au risque de se voir accuser de copier coller. Et même s’il est indéniable qu’au visionnage du film on pense instantanément à d’autres œuvres telles que Star Wars ou Le 13ème Guerrier, de par certains passages en particulier, il est en contre partie très agréable de voir que John Carter a bien sa propre identité. Par son expérience et ses excellentes idées, Stanton impose son style, et il le fait bien. Son scénario est plutôt béton d’ailleurs, puisqu’il arrive à faire tenir l’œuvre sur 2H20 alors qu’elle aurait largement mérité deux films, sauf qu’il garde trop à l’esprit le côté Disney. Trop d’amourette tue l’amourette, et celle entre Carter et Dejah devient tellement niaise au bout d’un moment qu’on a envie de crier stop. Dommage que l’histoire se centre trop sur cela, au détriment d’un côté plus politique qui aurait pu mettre le tout en avant et pousser le film un peu plus haut.
John Carter passe pourtant au-dessus de ce côté trop « enfantin ». Et s’il ne parvient jamais à se hisser au rang de film culte, il met en valeur tant de choses qu’il pose sans problème les deux pieds à l’étage des très bons films. La grandeur de l’univers du Roman est très bien retranscrite, les paysages superbes, et le bestiaire est une merveille. Les Tharks, humanoïdes de grande taille et possédant quatre bras, en sont le parfait exemple. On fait d’ailleurs vite le rapprochement entre eux et les Na’vis de James Cameron, dommage que l’histoire d’amour ne ressemble d’ailleurs pas plus au couple Jake Sully/Neytiri. Tout cela est admirablement mis en scène avec une touche d’humour toujours bien placée, à l’image du passage où Carter vient d’arriver sur Barsoom (Mars) et ne fait que bondir au lieu de marcher, victime de l’apesanteur, hilarant !
Côté visuel, on prend un claque monumentale. Si John Carter refoule quelque peu son statut de gros film d’action au profit de film monde gigantesque, il profite à merveille de toutes ses idées originales à l’image de Woola, le chien de Mars qui court plus vite que son ombre et vous fera sans doute rire un paquet de fois. Admirablement bien réussi, et que dire alors des grands singes blancs. Le combat dans l’arène a beau être court, il est superbe, et les créatures prouvent à elles seules que le bestiaire de la licence est sublime. Côté casting, j’ai eu la bonne surprise de trouver Taylor Kitsch excellent, ce qui est plutôt surprenant puisque je n’ai pas arrêté de me dire au visionnage des bandes annonces qu’il n’avait pas le profil pour ce film.
Au final, on se retrouve devant un film qui aurait pu être culte, mais qui ne l’est pas. A défaut, il est un très bon divertissement, dont ne se satisferont certainement pas les quelques grands adeptes du roman, mais qui devrait beaucoup plaire aux autres ! Disney s’en sort admirablement bien mais oublie néanmoins d’effacer cette touche trop niaise et récurrente à chacune de ses productions à l’image de l’histoire d’amour bien trop présente. Heureusement, la réalisation est béton, le casting bien choisi, le bestiaire et les infrastructures incroyablement bien réussies, pour un tout très plaisant. Une suite est dores et déjà prévue et aura toujours pour maître d’œuvre Andrew Stanton, pour le meilleur espérons-le.
7,5/10
