Bizarre destinée que celle de Baltasar Kormakur. Réalisateur Islandais remarqué pour quelques productions de bonne qualité, à l’image de Jar City ou encore 101 Reykjavik, il a vite rallié Hollywood et signe pour son troisième film US un Remake de Reykjavic Rotterdam, renommé Illegal Traffic pour sa sortie en Direct-to-DVD. Et dans ce film Islandais, Kormakur avait le rôle principal ! Il se retrouve donc cette fois-ci derrière la caméra, dirigeant Mark Wahlberg dans son propre rôle… sympa la doublure ! Et si je ne pourrais malheureusement pas vous faire de comparaison avec le film original, celui-ci n’étant disponible à la vente que depuis quelques jours dans l’hexagone, je peux déjà dire que ce remake ne m’a pas totalement emballé.
Chris Farraday a tiré un trait sur son passé criminel et s’est construit une vie paisible avec sa femme Kate et leurs deux fils, jusqu’au jour où son jeune et naïf beau-frère Andy manque à ses engagements dans une opération de trafic de drogues montée par l’inquiétant petit caïd local Tim Briggs. Pour aider Andy à s’acquitter de sa dette, Chris est forcé de reprendre du service et se tourne vers ce qu’il connaît le mieux : la contrebande.
Avec l’aide de son meilleur ami Sebastian, Chris s’assure la coopération de quelques relations éprouvées, dont son ami d’enfance Danny Rayner, et élabore un coup qui devra lui assurer des millions en faux billets, contre un simple aller-retour au Panama, ce sous l’oeil suspicieux du Capitaine Camp que des antécédents houleux avec le père de Chris rendent d’autant plus méfiant.
L’opération s’avère vite être une impasse. Chris n’a plus que quelques heures pour mettre la main sur le butin. Il va devoir faire appel à des talents auxquels il avait renoncé depuis longtemps et naviguer entre la pègre locale, la police et les douanes, avant que sa femme et leurs fils ne servent de dédommagement à Briggs.
Ce Thriller s’avance avec une intrigue on ne peut plus classique : L’ancien bandit, un as dans son domaine, raccroche la contrebande pour se poser avec sa moitié, construit sa petite famille et monte son business, avant de devoir replonger dans le bain pour sauver un de ses proches. Vu dans des dizaines de films, dont les récents Killer Elite ou encore London Boulevard, ce scénario n’en est pas pour autant une mauvaise chose, d’autant plus quand on a un casting de cet envergure : Mark Wahlberg, Kate Beckinsale, Ben Foster. Autre bon point positif, le film démarre parfaitement bien. On hérite d’une scène de nuit qui donne du rythme d’entrée et ne présage que du bon pour la suite.
Après une bonne entame, Contrebande met pourtant du temps à se lancer. Chris (Mark Wahlberg) doit reprendre son activité pour venir en aide au frère de sa moitié, et doit tout organiser pour que tout soit parfait. Et si tout ne sera pas parfait, forcément, on hérite tout de même d’un sujet peu traité en profondeur au cinéma : celui de la contrebande. Le tout est très bien mis en scène, assez détaillé pour ne pas perturber le spectateur : Logistique maritime, transport de faux billets, planques ingénieuses, tout est bien pensé. Seul problème trouvé à ce long métrage : Le manque de rythme… Je ne sais pas vous, mais j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le film, la première heure en dent de scie n’a pas arrangée mon immersion.
Pourtant, le tout est très complet, Mark Wahlberg est comme toujours efficace, Ben Foster cache bien son jeu, Giovanni Ribisi prend à cœur son rôle de gros caïd même si je l’ai trouvé aussi peu charismatique que Garrett Hedlund dans Death Sentence, et Kate Beckinsale réussit parfaitement à échanger ses gunfights virevoltants d’Underworld contre son rôle de mère au foyer innocente. Bref, le tout est assez complet, et parfaitement maîtrisé par Baltasar Kormakur qui joue de la caméra avec intelligence et a su très bien s’entourer pour donner à sa production un jeu de lumière et une photographie de bonne qualité. Sans révolutionner le style, il fait de Contrebande un film maîtrisé et assez complet.
Contrebande ne donnera pas au style un nouveau souffle, c’est une certitude, mais Kormakur a su maîtriser son film avec beaucoup d’autorité, prouvant à tous qu’il avait un vraiment talent pour la réalisation et la mise en scène. Sans être vraiment marquant, il nous propose un remake pourvu d’un casting haut de gamme, même si on voit finalement très peu Kate Beckinsale, au final trop surfait. On sait 20 minutes avant la fin comment tout se finira, ce qui ajoute aux quelques longueurs et au manque de rythme de vrais points noirs qui auraient pu être mieux gérés si le film avait été moins long… Malgré tout, vous devriez prendre du plaisir à voir Contrebande.
6,5/10
